Formation de la puissance vénitienne, des origines au XIIe siècle.
Il n'y eut aucune installation importante dans l'antiquité.
- Les invasions. Avec les invasions, le centre même de l'activité allait se transporter de la terre ferme dans les lagunes. C'est surtout avec l'invasion lombarde du VIe siècle que tout change : les lagunes étaient politiquement séparées de la terre ferme (devenue lombarde), elles font désormais partie de l'Empire de Byzance.
- Les premiers doges. Au début du XIIIe siècle, pour donner plus de force au gouvernement local, un duc (doge) indigène fut choisi. Les îles pouvaient s'administrer elles-mêmes mais ne pouvaient se passer d'une protection étrangère (Byzance). Venise se trouve alors à la limite entre l'Empire d'Occident et celui d'Orient.
- Croissance au IXe et Xe siècle. Le gouvernement s'installa à Rialto (où furent transportées les reliques de Saint-Marc). Mais le centre économique est à l'extrémité orientale de la lagune : l'île de Torcello.
- Au début du XIe siècle, Venise n' est qu'une bourgade de marins, un peu plus active que les autres. La société reste composée de pêcheurs et d'artisants (les marchants vraiment riches sont encore rares).
- Progrès extérieurs : Défense de l'Adriatique, Venise aide Byzance contre les Normands, elle fut exemptée de tous droits de douane. Croisade, les avantages accordés aux Pisans (habitants de Pise) par les empereurs inquiétèrent les Venitiens qui intervinrent en Terre Sainte.
- Ainsi, au XIIe siècle, Venise était solidement installée dans toute la Méditerranée orientale ; la ville se transforme avec le développement du commerce : la lagune d'Heraclée (Torcello) disparaît, colmatée par les alluvions de la Piave. Des constructions apparaissent : Basilique de Saint-Marc (fin XIe siècle). L'Adriatique est déjà le golfe de Venise.
L'état Venitien.
"A Venise, tout est fait par l' état, tout est fait pour l'état."
- Le Doge. Il gagnait en éclat ce qu'il perdait en pouvoir. Il ne pouvait rien faire sans l'avis des Conseils. Il incarnait la majesté de la République sans la gouverner. Il est entouré de 6 conseillers.
- Le Grand Conseil. Aux mains de l'aristocratie, sa compétence était universelle. La répartition des travaux était donc nécessaire : la Quarantia = tribunal suprême.
- Le Sénat. Il s'occupait plus particulièrement de la politique étrangère, de la conduite de la guerre et des questions économiques. Un collège de 16 membres prépare son travail : les Sages.
- Le Conseil des Dix. Organe de la haute police, chargé de protéger l'Etat. Les dix chargeaient trois mendataires d'informer sur la divulgation des secrets d'Etat. Il est composé du Doge, de 6 conseillers et de 3 chefs de la Quarantia.
Venise, puissance mondiale, XIIIe et XVe siècle.
- La 4e croisade. Les Vénitiens avaient une situation fragile dans l'empire, les croisés avaient besoin de vaisseaux, mais ils n'avaient pas assez d'argent : les Venitiens leur demandèrent de les aider à reprendre Zara (1202). Puis les croisés prirent Constantinople et y placèrent un empereur dévoué à l'Occident (et surtout aux interêts commerciaux de Venise) en 1204. Constantinople est devenue une seconde Venise.
- Le réseau de ses possessions permettait à Venise de dominer la mer et d'assurer son trafic commercial. Mais pour conserver son empire commercial, Venise lutta avec acharnement contre Gênes. Venise est devenu le plus important distributeur des produits orientaux en Occident.
Ces conquêtes, indispensables, étaient déstinées à "donner de l'air" à une ville "assiégée". Ce but atteint, Venise a continué ses conquêtes pour maintenir son rang de grande puissance. Au XIIIe et XIVe siècle, le souci majeur reste la maîtrise de l'Adriatique et la protection des principales voies marchandes de terre et de mer. Au XVe siècle, s'engagent des combats décisifs pour la protection de ce qu'on appellera désormais la Vénitie. Conquête de : Trévise, Padoue, Visence, Vérone et Brescia.
Venise
au XVe siècle.
- Le commerce, essentiellement maritime, est organisé par l'Etat. Chaque année le Sénat équipait 15 à 20 vaisseaux. Il y a des carguaisons précieuses, des matériaux lourds et surtout du sel et du blé.
- L'abondance des matières premières et des capitaux, la présence d'une main d'oeuvre nombreuse et experte expliquent le développement de l'industrie : travail du verre, de l'ivoire, des métaux et de textile (activité la plus en progrès au XIVe et XVe siècle). Il y a de nombreuses constructions navales.
- Le ducas d'or (émis pour la première fois en 1284) était présent sur tout les marchés méditéranéens.
- Les revenus de la République se comparaient à ceux des plus grands états comme la France, l'Angleterre et le duché de Bourgogne.
- Les Patriciens. Ils sont nombreux et actifs, les hautes charges civiles et militaires leur étaient réservées. Beaucoup étaient des hommes d'affaires.
- Les citoyens : les citoyens d'origine : ils ne pouvaient pratiquer aucun art mécanique les citoyens d'adoption.
- Le peuple. En dehors des matelots, très nombreux, les artisans et les ouvriers dominaient, groupés en corporations, les salaires sont relativement élevés. Les crises sociales semblent pratiquement inconnues.
- Le clergé. Il est respecté, mais les prêtres et moines étaient rigoureusement tenus à l'écart des affaires publiques.
- Autres groupes. De divers groupements vivaient en marge. Les étrangers, très nombreux, pouvaient pratiquer certains métiers et accéder à la nationalité vénitienne : les Grecs, les esclaves et les Juifs qui eux, sont obligés de résider au ghetto, mais ils ont un rôle important dans le commerce et la banque.
Venise, du XVIe au XIXe siècle.
Au milieu du XVe siècle, le début des invasions ottomanes marquèrent le déclin de la suprématie vénitienne. La découverte d'une route maritime vers les Indes contournant le cap de Bonne-Espérance par le navigateur portugais Vasco de Gama en 1497-1498 accéléra son déclin. En 1509, l'empereur Maximilien, le pape et le roi de France Louis XII s'associèrent contre Venise en formant la ligue de Cambrai. L'association était défaite l'année suivante, mais Venise, toujours en guerre contre les Ottomans aux XVe et XVIe siècles, s'affaiblit, perdant Chypre, prise en 1489, la Crète (1669) et ses comptoirs dans le Péloponnèse. En 1797, la République vénitienne fut conquise par Napoléon Bonaparte, qui livra le territoire à l'Autriche. En 1805, l'Autriche fut contrainte de restituer Venise au royaume d'Italie alors sous domination française, mais reprit le territoire en 1814. Un an plus tard, la Lombardie et la Vénétie furent réunies pour former le royaume lombardo-vénitien. Les Vénitiens, sous la conduite de Daniele Manin, se révoltèrent contre la domination autrichienne en 1848, et établirent une nouvelle république qui sera renversée par l'Autriche l'année suivante. En 1866, après la guerre austro-prussienne, Venise fut intégrée au royaume d'Italie créé quelques années plus tôt.